SAINT IRENEE DE LYON
'
EIPHVH' est un mot grec signifiant tout simplement «
PAIX ».
Saint Irénée naquit dans l'actuelle Turquie, dans la première
moitié du 2e siècle, sans doute vers 135. Nous ignorons tout
de sa famille. Chrétien sans doute dès son tout jeune âge,
il fut catéchisé par Saint Polycarpe, évêque
de Smyrne. Polycarpe était un disciple de St Jean. Il était
alors le dernier évêque vivant à avoir connu directement
un des apôtres. La spiritualité et l'enseignement de St Jean
marqueront profondément Irénée.
En 155, St Polycarpe entreprend un voyage à Rome, pour y rencontrer
le pape Anicet. Au cours de ce voyage, ils affermiront l'unité de
l'Eglise. C'est sans doute à l'occasion de ce voyage que le jeune
Irénée gagne la ville éternelle. A son retour à
Smyrne, Polycarpe subit le martyre.
Il est fort probable qu'Irénée ait passé plusieurs
années à Rome, pour y faire ses études. On ne retrouve
sa trace qu'en 177. Il a alors plus de 40 ans et il est prêtre, en
Gaule, à Lyon, où il aide le vénérable évêque
Pothin, premier évêque de Lyon, alors âgé de plus
de 90 ans. En cette année 177, Pothin charge Irénée
d'une mission à Rome, auprès du pape Eleuthère.
Pendant l'absence d'Irénée, la persécution se déchaîne
contre l'Eglise de Lyon. Parmi les centaines de chrétiens qui périssent
alors, nous citerons le vieil évêque Pothin et une jeune esclave,
Blandine.
Au retour d'Irénée, la communauté de Lyon ne compte
plus guère que 70 survivants. Irénée est alors choisi
comme nouvel évêque. Saint Irénée travaille
alors dur pour reconstruire l'Eglise. Les conversions affluent grâce
au témoignage des martyrs. En quelques années, l'Eglise de
Lyon est à nouveau florissante. Irénée se montre un
pasteur attentif et actif, faisant sienne cette maxime de St Paul : «
Je me fais tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns».
Il parcourt aussi les campagnes environnantes pour convertir également
les Celtes et obtient de nombreuses conversions. La foi chrétienne
a un effet décisif sur leurs mœurs rudes, ce qui fait dire à
Irénée que la prophétie d’Isaïe « Le loup
habitera avec l’agneau » est réalisée dans les
peuples barbares touchés par l’Evangile.
Le monde romain, et l'Eglise en particulier, était alors la proie
d'une secte active et redoutable, la «
gnose », dont la prédication,
mêlant des éléments empruntés au christianisme
et aux religions antiques grecques et romaines séduisait de nombreux
chrétiens. Elle proclamait l'homme supérieur à son
créateur.
Irénée, alarmé par les progrès de cette secte
se donne pour tâche de ramener les brebis perdues dans la maison
du Seigneur. Sur la demande d'un ami prêtre ou évêque,
il entreprend la rédaction d'un long ouvrage qui porte le titre
compliqué de « réfutation et dénonciation de
la fausse science », plus couramment appelé «
Contre les hérésies
». Cet ouvrage monumental démonte pièce après
pièce le piège gnostique et ré-explique dans le détail
la révélation chrétienne. Il constitue le premier ouvrage
de théologie de l'Eglise d'occident. Plus que par ses remarquables
talents de rhétorique, c'est par sa charité qu'Irénée
veut convaincre. Il montre une foi limpide et une vision résolument
optimiste de l'histoire du salut : « Le Verbe de Dieu, poussé
par l'immense amour qu'il nous portait, s'est fait ce que nous sommes afin
de faire de nous ce qu'il est lui-même. ». Il proclame bienheureuse
la faute de l'homme qui nous valut de connaître l'amour de Dieu. Il
découvre en Marie la nouvelle Eve. Il proclame : « La gloire
de Dieu, c'est l'homme vivant ».
Le succès rencontré par cet ouvrage est immense. Il est
traduit et diffusé dans tout l'empire. Irénée écrit
un second livre : « la démonstration de l'enseignement apostolique
», dont le texte avait été perdu. Il a été
retrouvé en 1904, en Arménie, à 8.000 km du
lieu où il fut écrit.
En 197, le pape Victor décide de couper court à la querelle
du jour de Pâques. De nombreuses Eglises d'orient fêtent en
effet Pâques au jour de la Pâque juive, quelque soit le jour
de la semaine, tandis que les Eglises d'occident fêtent Pâques
le premier dimanche qui suit la Pâque juive. Victor annonce l'excommunication
pure et simple des Eglises qui ne suivraient pas la mode occidentale. Irénée
bondit alors à Rome, et exhorte le pape Victor à plus de
modération.
On a tout lieu de penser que sa démarche fut couronnée
de succès puisque Victor retire sa menace. L'unité de l'Eglise
fut ainsi préservée pour près de neuf siècles.
Au printemps 202, la persécution païenne s'abat un nouvelle
fois sur l'Eglise de Lyon. La tradition rapporte que Saint Irénée
fut livré aux fauves. Les chrétiens survivants ensevelirent
sa dépouille dans sa cathédrale. Son tombeau fut alors un
lieu de vénération et de guérisons. Saint Irénée,
lien entre l'orient et l'occident, a été déclaré
Père de l'Eglise. Il est fêté le 28 juin, date anniversaire
de son martyre.
Retour page précédente
Retour en haut de page